Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/486

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mon bien, je dresse mon train, je sors de la Cour, et m’en viens chez moy, où me desmelant de tout cet embarras, je ne prens que ma nourrice pour toute compagnie et Tersandre pour me deffendre, et nous nous mettons sur le chemin du Mont-d’or. C’est un pays extremement rude et montueux chargé presque en tout temps de neiges et de glaçons. Ma pauvre nourrice y mourut, et lors que je la faisois enterrer, et que j’estoit merveilleusement en peine pour estre seule avec Tersandre, je rencontray Tircis, Hylas et Laonice, desquels la compagnie me fut tant agreable que pour ne la perdre, je me resolus de m’habiller en bergere comme vous me voyez, et Tesandre en berger. Et apres avoir demeuré quelque temps dans ces montagnes, pensant y trouver quelques nouvelles de celles que je cherchois, je me resolu de venir avec eux en ce pays, puis que par l’oracle il leur estoit commandé de s’y acheminer ; et pensay aussi, puis que je m’aprochois de Gergovie, que je pourrois peut-estre ce chevalier à qui jày tant d’obligation.

Madonte alloit de ceste sorte racontant sa fortune, et non sans mouiller son visage de pleurs, cependant que Paris et les bergers discouroient ensemble, et ne se pouvant si tost endomir