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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/490

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coiffure. – Mais quoy ? dit l’inconstant vous devriez donc habille en fille, car il n’est pas raisonnable qu’une sage bergere comme vous estes, se desguise de cette sorte en homme.

Il n’y eut personne de la troupe qui si peust empescher de rire, des parolles de ce berger ; et Silvandre mesme en rit comme les autres ; mais apres il respondit de cette sorte : Il faut, s’il m’est possible, que je vous sorte de l’erreur où vous estes. Sçacher donc qu’il y a deux parties en l’homme : l’une, ce corps que nous voyons, et que nous touchons, et l’autre, l’ame qui ne se voit, ny me se touche point, mais se recognoit par les parolles et par les actions, car les actions ny les parolles ne sont point du corps, mais de l’ame qui toutesfois se sert du corps, comme d’un instrument. Or le corps ne voit n’entend, mais c’est l’ame qui faict toutes ces choses ; de sorte que, quand nous aymons, ce n’est pas le corps qui ayme, mais l’ame, et ainsi ce n’est quel l’ame qui se transforme en la chose aymée et non pas le corps. – Mais, interrompit Hylas j’ayme le corps aussi bien que l’ame ; de sorte que si l’amant se change en l’aymé, mon ame devroit se changeraussi bien au corps de Phillis qu’en son ame. – Cela, dit Silvandre, seroit contrevenir aux loix de la nature ; car l’ame qui est spirituelle, ne peut non plus devenir corps, que le corps devenir ame, mais pour