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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/492

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Par Teutates, dit Hylas, vous le pernez bien hauf haut ; encore que j’aye long temps esté dans les escoles des Massiliens, si ne puis-je qu’a peine vous suivre. – Si est-ce, dit Silvandre que c’est parmy eux j’ay appris ce que je dis. – Si avez-vous eu beau m’embrouiller le cerveau par vos discours, dit Hylas, vous ne sçauriez pourtant me monstrer que l’amant se change en l’aymé, puis qu’il en laisse une partie, qui est le corps. – Le corps, dit Silvandre, n’est pas partie, mais instrument de l’aymé ; et de fait, si l’ame estoit separée du corps de Phillis, ne diroit-on pas ; voilà le corps de Phillis ? Que si c’est bien parler que de dire ainsi, il faut donc entendre que Phillis est ailleurs, et ce seroit en ceste Phillis que vous seriez transformé, si vous sçaviez bien aymer. Et cela estant, vous n’auriez point de desir hors de vous-mesme, car comprenant toute vostre en vpus, vous assouviriez aussi en vous tous vos desirs. – Si il est vray, dit Hylas, que le corps ne soit que l’instrument dont se sert Phillis je vous donne Phillis, et laissez-moy le reste, et nous verrons qui sera plus content de vous ou de moy. Et pour la fin de nostre different, il sera fort à propos que nous dormions un peu. Et à ce mot se remettant en sa place, ne voulut plus leur respondre. Ainsi peu à peu toute cests trouppe s’endormit, horamis, Silvandre, qui veritablement, espris d’une tres-.violente