Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/527

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mais que pour cela je ne l’estime miserable de le voir reduit aux imaginations pour avoir quelque contentement, tant s’en faut que ces parolles me persuadent le contraire, qu’elles me fortifient d’avantage en cette opinion.

Mais, berger, laissons ce discours, puis qu’aussi bien il ne vous peut donner aucun alegement, et me dites quelle a esté vostre vie, depuis que je vous laissay. – Sage nymphe, respondit Celadon, celle que vous m’avez veu faire depuis que vous m’avez rencontré, c’est celle-là mesme que j’ay continuée depuis le jour que vous dites. Car au partir d’aupres de vous, je me suis venu renfermer en ce lieu, attendant que l’amour ou la mort m’en sorte. – Et pourquoy, dit-elle, n’allastes-vous en vostre hameau, où vos amis et vos parens vous regrettent si fort ? – Astrée, dit-il, qui peut plus sur moy que mes parens ny mes amis, m’a deffendu de me faire jamais voir à elle, jusques à ce qu’elle me l’ait commandé. Et c’est pourquoy je vous ay dit que je me suis renfermé en ce lieu attendant que l’amour ou la mort m’en sorte ; parce que si ma bergere m’avoit absolument commandé de ne me faire jamais voir à elle, il n’y a point de doute que je fusse sorty de ceste vie, aussi tost que revenu à moy, je recognus que Lignon ne m’avoit pas voulu