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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/533

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que vous auriez de ses grandeurs et magnificences l’emporteroit aisement par dessus ; l’amour d’une bergere, de sorte que s’en allant ainsi la plus contente du monde, il n’y avoit rien qui luy donnast alors de l’ennuy que la longueur du chemin.

Mais quand elle fut arrivée à Marcilly, et qu’elle ne vit point entre les autres nymphes sa tant aimée Lucinde, en quelle inquietude fut-elle ? et avec quelle promptitude fit-elle semblant d’avoir affaire en sa chambre, et de la chambre au cabinet ? Moy qui prevoyois bien cet orage, je la suivois, mais non pas franchement comme de coustume ; et faut que j’advoue que me sentant atteinte de quelque espece de trahison, je redoutoy sa .presence. Et toutesfois de peur qu’elle ne soupçonnast qu’il y eust de ma faute, aussi tost que je m’ouys apeller, je courus vers elle, et m’ayant commandé de pousser la porte sur moy : Et bien (me dit-elle), Leonide, qu’est devenu Celadon ? – Madame, luy dis-je, contrefaisant un visage plein d’estonnement et de desplaisir, je ne sçaurois vous le dire, car aussi tost que vous estes partie, Silvie et moy l’avons cherché par tout le palais, et n’avons laissé lieu que nous n’ayons inutilement visité ; et ne pouvons penser qu’autre qu’Adamas en puisse sçavoir des nouvelles. – Comment, dit Galathée, surprise de ceste responce si peu attendue, vous n’en sçavez