Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/534

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donc autre chose ? Et voyant que je ne luy respondois point : Ne vous avois-je pas commandé, continua-t’elle, d’en avoir plus de soin ? Est-ce ainsi que vous faites ce que je vous ordonne ? Et là s’estant encor arrestée pour quelque temps, et voyant que je ne luy disois mot : Allez, me dit-elle, Leonide, à ceste heure mesme vers votre oncle, et si Celadon y est, ramenez-le icy ; autrement ne vous presentez plus devant moy, et vous asseurez que je n’oublieray jamais ceste offence que je ne vous aye fait ressentir combien elle m’est cuisante. La voyant en si grande colere, et ne voulant luy repliquer de crainte de l’aigrir d’avantage, je luy fis la reverence, et sortis froidement du cabinet pour n’en donner cognoissance à mes compagnes. Silvie qui estoit aux. escoutes, me suivit jusques hors de la chambre, et nous estant eloignées contre une fenestre, je luy racontay tous les discours de Galathée, et comme elle m’avoit commandé de me retirer. – Je sçavois bien, respondit Silvie, qu’il estoit impossible que cet affaire se finist ; sans la mettre en colere, mais j’eusse pensé toute autre chose plustost que ce que vous me dites. Est-il possible que ce desplaisir l’ait tant aveuglée qu’elle vous ait commandé de sortir de sa maison pour un soupçon si mal fondé ? Et qu’est-ce que chacun, jugera de vostre depart ? Et comment le couvrira-t’elle à Amasis mesme ?