Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/539

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quand nous sommes parties toutes affligées de ce que nous ne l’avions peu trouver. Aussi bien, nous a-t’il dit, n’a-t’il que trop demeuré ceans, et eust esté à propos qu’il n’y fust jamais entré. – Comment, dict Galathée, il est donc bien vray que Leonide n’y a point consenty ? – Madame, respondit discrettement Silvie, je ne vous asseureray pas qu’elle n’ait point de part à ceste faute, mais je vous diray bien que mon opinion est qu’elle n’y en a point, et que si quelqu’un est coulpable, outre l’ingratitude de ce berger, je pense que c’est Adamas, – Ne me parlez-vous point de ceste sorte, dit-elle, pour excuser vostre compagne ? Vous estes trop bonne, car si elle avoit autant d’avantage sur vous, ne doutez point qu’elle, ne s’en prevalust bien mieux. C’est la. plus malicieuse et la plus jalouse ; que je vis jamais de toutes celles qui s’approchent de moy, et principalement quand je parle à vous. – Madame, respondit Silvie, jamais la considération d’aucune de mes compagnes ne me. fera manquer à ce que je vous dois. Et quant à leur envie et jalousie, cela ne m’en fera non plus jamais reculer. Et ne sçaurois en vouloir mal à Leonide, car je juge que si elle ne vous aymoit point, elle ne seroit pas jalouse de celles qui vous approchent. – Ma mignonne, dit Galathée, en luy prenant la teste des deux mains, et la baisant au front, il est