Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/549

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

O ! mon frere luy dis-je, vous m’en dite ; plus que je ne vous en demande. – Je voy bien, me repliqua-tlil en sousriant, que c’est que vous voulez dire, et je le vous advoue librement, afin de vous convier à ne refuser point une requeste que je vous veux faire, vous en conjurant par ceste consideration et par toute nostre amitié. – Puis que c’est par nostre amitié, luy dis-je, demandez ce que vous voudrez, car il n’y a rien que je refuse à mon frere, estant ainsi conjurée. – Je vous supplie donc, continua-t’il, que, cependant que vous ne retournerez point à Marcilly, vous vueillez aller sur les rives de Lignon passer les apres-disnées en la compagnie de ces belles et sages bergeres, et je vous y suyvray. Aussi bien trouverez-vous icy les jours fort longs, ayant accoustumé la Cour de Galathée, outre que les rivages de Lignon ont des ombres fresches et si plaisantes qu’il est impossible de s’y ennuyer. On y voit l’onde claire et nette, si peuplée de toute sorte de poissons, qu’à peine se peuvent-ils couvrir de l’eau. Vous y entendez mille sortes d’oyseaux, qui des proches boccages font retentir leur voix avec mille echos. Il y a des fontaines si fresches et claires qu’elles convient les moins alterez d’en boire. – Bref, luy dis-je en sousriant, on y rencontre des plus belles et agreables bergeres de toute la contrée. – Il est vray, me dit-il, et