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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/548

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vaincus ou estonnez par les difficultez, et ne s’en retirent avant que de les avoir surmontées. Et n’ay-je pas raison de plaindre ceux que je vois entrer en ce danger dont l’issue est incertaine ? Mais je m’estonne comment vous avez tant appris des nouvelles de Diane, que j’ay tousjours cogneue pour la plus secrette de nos bergeres.

– L’amour de Paris, respondit-elle. en a esté cause ; qui me l’a fait voir plus souvent que je n’eusse pas fait. Encor que j’eusse beaucoup de volonté d’aller en vostre hameau, pensant que vous y fussiez, et lors que j’estois en peine de trouver quelque bonne excuse, Amour me fit rencontrer Paris qui, ne voulant perdre l’occasion qui se presentoit, dés le soir que j’y arrivay, me parla de ceste sorte : Ma sœur (car Adamas veut que nous nous nommions frere et sœur), ne vous ressouvenez-vous plus du contentement que vous eustes la nuit que vous couchastes aux hameaux d’Astrée et de Diane, et combien leur conversation est agreable ? Moy qui sçavois bien qu’il y avoit esté plusieurs fois depuis, je luy respondis : Si fay, mon frere, mais j’ay opinion que vous en avez eu meilleure memoire que moy, à ce que j’ay ouy dire.

– Il est vray, me dit-il, et je ne nieray point que leurs merites ne m’ayent donné plus de volonté d’acquerir l’amitié de ces belles et sages bergeres que je n’en ay fait paroistre. –