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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/557

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Je l’ay veu de mes yeux devant elle à genoux,
La voilà qui ne pend que de sa seulle bouche,
Et qui seroit l’amant qui n’en seroit jaloux ?

A peine avoit-il parachevé ces vers, que nous le vismes tout à coup se relever, et se haussant sur le bout des pieds regarder ce que faisoit Phillis, et peu apres au petit pas s’approcher d’elle, s’en retournant d’où il estoit venu. Nous ne fusmes point aperceus de luy, parce qu’il avoit tellement toute sa pensée en sa Phillis

que, quand nous eussions esté devant ses yeux, je croy qu’il ne nous eust point veus. Nous le suivismes de loin, et lors qu’il se cacha aupres de Phillis, nous en fismes de mesme pour ouyr Silvandre qui chantoit ces vers quand nous y arrivasmes.

STANCES

Monde d’amour


I

Amour, grand artisan, a fait un autre monde :
La terre, c’est ma foy, qui n’a nul mouvement,
Et comme l’univers sur la terre se fonde,
Ma foy de ce beau monde est le seur fondement.

II