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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/564

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met à courre vers Phillis, et l’ayant atteinte, luy prend une main qu’il baisa par force deux ou trois fois, et puis la prenant sous les bras, luy demanda des nouvelles de Diane et d’Astrée. La bergere estoit si ennuyée de ce que Lycidas voyoit toutes ses actions, qu’elle ne sçavoit que luy respondre. Paris et moy qui estions desjà acheminez pour suivre Astrée et Diane, nous en allames vers Phillis et Silvandre, qui ne fut point une rencontre fascheuse pour elle, parce que Silvandre qui est fort civilisé comme vous sçavez, la laissa en paix, et vindrent tous deux à nous pour nous saluer. Lycidas au contraire, plus mal satisfait de ceste veue qu’il n’avoit jamais esté, se retira d’un autre costé sans faire semblant de nous avoir apperceus. Estans donc tous quatre ensemble, nous prismes nostre chemin du costé où nous avions veu aller Astrée et Diane, apres que Silvandre rassemblant son troupeau et celuy de Phillis, les eut chassez du costé où elles estoient passées, qui ne fut pas sans doute un petit renouvellement de jalousie en Lycidas, voyant comme ce berger prenoit le soin de conduire les brebis de Phillis ; car vostre frere doit de temps en temps tournant la teste de nostre costé, pour voir ce que nous faisions. – Sans mentir, interrompit Celadon, il est