Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/565

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bien à plaindre, car pour le peu que j’en ay esprouvé, je crois que la jalousie est une des plus sensibles blesseures dont un amant puisse estre atteint. Mais, belle nymphe, que devint-il ? – Je ne le vous sçaurois dire, respondit-elle, car je ne le vis plus de tout le jour ; et quant à nous, nous trouvasmes Diane et Astrée peu de temps apres qui attendoient ? à ce que je pense, leur compagne. Nous passames avec elles toute la journée, et avec beaucoup de contentement. Paris entretenoit Diane, Silvandre faisoit la guerre à Phillis, et moy je parlois avec Astrée que je trouvay en verité tres digne d’estre aimée et servie de Celadon. – Me permettez-vous, belle nymphe, dit Celadon, d’estre un peu curieux en cet endroict ? – Et que desirez-vous de sçavoir de moy, dit Leonide ? – Ouystes-vous jamais, dit-il, une plus douce et agreable parole que la sienne ? elle a un certain ton en la voix et quelque façon de prononcer qui charme merveilleusement l’oreille. – Il est certain, respondit la nymphe, et ce que j’estime d’avantage, c’est qu’il n’y a point d’artifice, et que toutes ses paroles sont pleines de modestie et de civilité. – Mais sage nymphe, adjousta Celadon, ne parla-t’elle jamais de moy ? – Si fit, dit-elle, mais ce fut moy qui en commençay le discours, et je cognus bien qu’elle en parloit si peu, pour l’opinion qu’on avoit eue de vostre