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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/566

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amitié. – Par Teutates, belle Leonide, adjousta le berger, dites-moy les discours que vous en eustes. – Ils furent fort courts, respondit la nymphe, et je ne sçay si je m’en pourray bien ressouvenir. Je desirois avec passion de sçavoir de vos nouvelles, et lorsque Paris m’avoit parlé d’aller dans vostre hameau, je n’avois jamais eu la hardiesse de vous nommer à luy, et quoy qu’il ne m’eust point parlé de vous, je pensois qu’estant si fort amoureux de Diane, il ne prist garde à autre chose qu’à elle, et à ce coup ne vous voyant point avec ces bergeres, j’en estois en une peine extreme. En fin comme l’on passe d’un subjet en l’autre, pour peu que l’on parle ensemble, je luy dis que je n’eusse pas pensé que les bergers de Lignon eussent esté si gentils ny si civilisez que je les trouvois, et que la premiere fois que revenant de Feurs je m’estois arrestée avec elles, ç’avoit principalement esté en intention de sçavoir si ce que l’on en disoit estoit veritable, et que Silvandre dés ce jour là m’en avoit donné fort bonne impression. – A la verité, me respondit-elle froidement, Silvandre est un tres honneste berger ; mais, madame, si vous fassiez venue en une autre saison, je croy que vous eussiez esté beaucoup plus satisfaite de nous. Car au temps que je veux dire, il y avoit une volée de jeunes bergers, qui sembloient faire à l’envy