Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/577

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fils de pere ; car Alcippe a esté autrefois tellement transporté de l’amour d’Amarillis, que je ne vis jamais faire de plus grandes folies. Et mesme cela fut cause qu’il laissa la vie des champs pour celle de la Cour, et qu’il fit long temps les exercices des chevaliers. – Et leur est-il permis, dit Leonide, de changer de ceste sorte de condition ? – Ma fille, dit le druide, ny Celadon, ny ces autres bergers que vous voyez le long des rives de Lignon, ny la plus part de ceux de Loire et de Furan, ne sont pas de moindre extraction que vous estes, et faut que vous sçachiez que leurs ayeux n’ont esleu ceste sorte de vie que pour estre plus douce et accompagnée de moins d’inquietudes. Et d’effect ce Celadon de qui nous parlons, est vostre parent fort proche. Car la maison de Lavieu, et la sienne, viennent d’un mesme tige, si bien que Lindamor et luy vous sont parents en mesme degré, mon ayeul, et les bisayeuls de Lindamor et de Celadon, ayant esté freres. Leonide qui n’avoit encores sceu cette alliance, demeura estonnée, luy semblant que cette proximité luy deffendoit d’aymer Celadon, comme l’amour luy commandoit. Toutesfois, pour n’en donner connoissance à son oncle, elle luy dit que, leur estant si proche, ils estoient donc obligez d’en avoir plus de soin que . d’un estranger, et que la sauvage