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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/578

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vie qu’il menoit estoit telle qu’elle ne pensoit pas qu’il peust vivre longuement. – Il faut, respondit le druide, que nous y raportions tout ce que nous pourrons, et afin de n’y point faire de faute, je veux consulter l’antre de la vieille Cleontine ; peut-estre que le Ciel a soin de luy, et que ce n’est point sans subject qu’il le retient ainsi caché. J’en ay veu d’autres qui ont esté preservez de ceste sorte de diverses fortunes dont ils estoient menassez.

Cependant qu’ils parloient, Paris arriva, qui leur fit interrompr leur discours, pource qu’ils ne vouloient qu’il sceut ces nouvelles, et entrant dans le logis, ils se mirent à table, et quelque temps apres dans le lict, afin d’aller plus matin vers Cleontine. Mont-verdun est un grand rocher qui s’esleve en pointe de diamant au milieu de la plaine du costé de Montbrison, entre la riviere de Lignon, et la montagne d’Isoure. Que s’il estoit un peu plus à main droite du costé de Laigneu, les trois pointes de Marcilly, d’Isoure et de Mont-verdun feroient un triangle parfaict. On diroit que la nature a pris plaisir d’embellir ce Lieu sur tous les autres de cette contrée. Car l’ayant eslevé dans le sein de ceste plaine, si esgalement de tous costez, il se va estressissant peu à peu, et laisse au sommet la juste espace d’un temple.