Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/598

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Que si ce peuple que nous nommons Romain, s’est usurpé la domination des Gaulois, ce n’a point esté par les armes, mais plustost par chastiment de nos dissensions qui, estant pleines d’animosité entre nous, ont esté cause de nous le faire appeller, et demander secours à ceux de qui l’ambition nous a depuis devorez, nous apprenant, mais trop tard, qu’il ne faut jamais esperer que les estrangers nous affectionnent plus que nous ne nous aymons nous-mesmes. Mais le grand Dieu que Samothes nous enseigna d’adorer en pureté de cœur, ne voulant estendre son ire à l’infiny, nous ayant fait passer une demie lune de siecles sous cette domination estrangere, montre qu’il nous en veut retirer par les armes des Francs, qui se vantent d’estre issus des anciens Gaulois. Or ’pour reprendre nostre discours, le quatriesme roy qui domina en Gaule, des descendans de ce grand et sainct Samothes, fut le sage et sçavant Druys, de qui quelques uns pensent que, pour avoir esté instituteur des druides, ils ayent pris leur nom. Mais ceux là se trompent, autant que ces Grecs outrecuidez qui se vantent que c’est de leur mot Drys, qui signifie chesne ; car, avant que les lettres eussent esté portées en Grece, nous estions appeliez druides, et les sciences estoient en Gaule avant que ces peuples vains sceussent seulement lire, comme le nom de druide nous enseigne qui, au langage de l’ayeul de Samothes, signifie