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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/605

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mon pere, respondit Celadon, si ay-je bien veu dans nos bocages sacrez, lors que vous faites des sacrifices, qu’il y a des statues et des images, quelquefois du grand Dis, et quelquefois d’Hercule. – C’est parce, respondit Adamas, que Dis et Hercule sont des hommes, et non pas des dieux, et qu’estant hommes, on les peut representer. – Mais, repliqua Celadon, si ce ne sont pas des dieux, pourquoy les mettez-vous sur l’autel ? – Pour faire entendre, dit-il, qu’ils ont esté entre les hommes comme des dieux pour leurs vertus, et que, comme tels, nous les devons honorer, et conserver la memoire, afin que les autres hommes en les voyant, dressent leurs actions sur le patron qu’ils nous ont laissé. Et les estrangers qui ne sçavoient pas nostre intention, ont creu que nous les adorions, et ont dit que Dis estoit Pluton, duquel nous nous vantions d’estre yssus, et ont donné à Hercule le surnom de Gaulois, parce que nous en honorions beaucoup la memoire, tant pour avoir esté plein de toutes vertus heroïques, que pour avoir espousé la belle Galathée nostre princesse et fille de Celte nostre Roy. – Vous me racontez, dit Celadon tout estonné, des choses qui me ravissent, et vous supplie, mon pere, de continuer et de me dire comment il faut que je fasse quand j’entre dans ces temples où je trouve des images de Jupiter, de Mars, de