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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/608

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bonne intention.

Le druide alloit discourant de ceste sorte des mysteres les plus cachez de sa religion, et parce qu’ils surpassoient l’entendement du berger, il n’en voulut point dire davantage. Mais soudain que ces noms furent gravez contre l’arbre, ils se jetterent tous deux à genoux, et les adorerent, et ne s’en approcherent plus qu’avec beaucoup de respect. Mais d’autant que le druide avoit opinion que, s’il ne flattoit un peu le mal de Celadon, il perdroit peu à peu la devotion et la volonté d’y travailler, il nomma le temple du nom de la déesse Astrée : Et ne craignez, dit-il, mon enfant, de faillir envers Dieu, pourveu que vous y honoriez ceste Astrée comme l’un des plus parfaicts ouvrages qu’il ayt jamais fait voir aux hommes. Celadon y consentit aysément, et plein d’un zele incroyable, y travailla si assiduellement qu’en peu de jours, il acheva ce que le druide luy avoit ordonné, qui louant sa diligence et son industrie, afin de luy augmenter la volonté qu’il avoit, apporta les loix d’amour, et le tableau de la reciproque amitié.

Mais s’approchant de l’autel d’Astrée, il ne sçavoit ce qu’il y mettroit dessus pour le faire voir et recognoistre.

Et apres y avoir pensé quelque temps : Si vous estiez bon peintre, luy dit-il, vous avez bien la memoire assez vive