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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/609

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pour vous ressouvenir des traits du visage de la belle Astrée, de sorte que vous pourriez bien la peindre, et nous la mettrions sur cet autel qui luy est dedié ; mais cela n’estant pas encores, je feray faire un petit tableau où j’escriray seulement son nom. Alors le berger luy respondit : Vous avez raison, mon pere, d’avoir ceste bonne croyance de moy, car veritablement j’ay non seulement les traits de son visage si bien gravez en la memoire, qu’il me semble qu’elle est tousjours devant mes yeux, mais aussi son parler et ses façons de faire me sont tellement en l’ame qu’il faut avouer que rien ne me peut divertir ny separer d’elle, et me figurant à tous coups de la voir devant moy, il me semble que sa parole de mesme me frappe tousjours aux" oreilles. Mais encores que je ne sçache pas peindre, si ne laisserons-nous pour cela d’avoir sa ressemblance, si vous me promettez de me rendre ce que je vous mettray entre les mains. Et le druide le luy ayant promis, il decrocha sa jupe, et ouvrant la boite qu’il portoit au col, il luy montra la peinture d’Astrée : Mais, mon pere, luy dit-il, si vous la perdez ou que vous ne me la rendiez, c’est chose tres-asseurée que j’en mourray de desplaisir, et qu’il n’y a excuse ny consolation qui m’en puisse garantir.

Apres qu’Adamas eut promis par Teutates qu’il la luy rendroit, le berger