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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/622

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venue en ce lieu, où le reste de Celadon est encore, puis que les dieux le veulent ainsi, n’est que pour voir combien vous avez peu, et pouvez sur luy, c’est trop de peine pour chose de si peu de valeur, Que si quelque estincelle de compassion vous y ameine, quels services peuvent meriter une si grande recompense ? Et si la fortune seule vous y a conduitte sans dessein, n’est-ce pas trop de bon-heur pour une personne si mal-heureuse ? De sorte que quelque occasion que ce puisse estre, j’advoue que c’est sans raison, si ce n’est qu’il soit tres-raisonnable que, comme l’affection que je vous porte outrepasse toutes les bornes de la raison, de mesme, en ce qui touche cette affection, la raison n’ait point de lieu. Et par ainsi je ne me dois plaindre qu elle n’ait esté appellêe quand j’ay esté banny, ny qu’aux ennuis que je souffre, elle ne puisse avoir quelque place, estant tres-juste que celuy qui le premier a desdaigné la raison, sente que la raison aussi le desdaigne.

Si ne laisseray-je de vous remercier autant que peut faire l’ombre vaine de ce que j’ay esté [car veritablement je ne suis plus autre chose) si vous estes venue voir combien vous pouvez sur moy, car comme que ce soit, c’est un. de mes plus