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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/623

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grands desirs d’estre en vostre memoire. Je vous remercie de mesme si la pitié vous y ameine, car encor qu’elle soit bien tardive,ce n’est pas estre sans consolation que d’avoir en fin quelque consolation. Et aussi vous remercieray-je si c’est la fortune, puis que je connois par là qu’il n’a tenu qu’à elle que je n’aye plutost ressenti les effets de vostre douceur. Et cette derniere consideration sera cause que, comme par le jugement de tous ceux qui vous voyent, et par la grandeur de mon affection, vqus estes la plus belle et plus aimée bergere de l’univers, de mesme je me diray, puis que ma fortune et ma constance le veulent ainsi le plus infortuné comme le plus fidelle de vos serviteurs.


Ce fut bien alors que ces bergeres creurent que Celadon estoit mort, et que l’amour fit resoudre Astrée de luy rendre le Rentier devoir de son amitié. Et lors qu’elles se vouloient lever pour esveiller Diane et les autres bergeres, parce qu’il estoit desja tard et qu’elles craignoient que l’on fust en peine d’elles en leur hameau, elles apperceurent que Silvandre estoit venu aupres de Diane qui dormoit, et que demeurant ravy à la regarder apres avoir esté quelque temps immobile, en fin il dit fort haut telles paroles.

Sonnet