Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/630

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vers elles, et Diane tirant Paris à part, luy fit entendre la vision et le dessein d’Astrée. Et parce, continua-t’elle, que la medisance a les ongles si aiguës qu’elle treuveroit prise sur le plus poly d’un enclume, je desire de vous ceste courtoisie que ce tombeau soit eslevé en vostre nom à l’intention toutesfois de la bergere. – Vous pouvez, dit Paris, disposer entierement de tout ce qui est en mon pouvoir, et faut seulement que vous preniez la peine de me commander, car je perdray, seulement la volonté de vous faire service quand je seray privé de la connoissance de moy-mesme.

Apres que Diane l’eut remercié le plus honnestement qu’il luy fut possible, elle le pria de faire donc entendre sa volonté à toute la trouppe, ce qu’il fit si discretement qu’il n’y eut personne, hormis Silvandre, qui ne creust que veritablement ce dessein venoit de luy seul. Mais ce berger qui n’ignoroit pas l’amitié qu’Astrée portoit à Celadon, se douta bien que ce n’estoit que pour la couvrir aux plus curieux. Et parce qu’il estimoit la vertu d’Astrée, luy-mesme s’ayda en cette dissimulation, et s’offrit d’aller au temple de la Bonne Déesse, pour avoir les choses necessaires. Àstrée y voulut aller aussi, pensant que sa presence y rapporteroit beaucoup, à cause de l’amitié que Chrisante, la principalle des filles druides, luy portoit. Elle pria donc Phillis et Laonice de demeurer avec