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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/629

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bien sembler davantage, si cette inimitié dont vous parlez duroit encores apres la mort. Si Celadon vivoit, il n’y a point de doute que je ne voudrois pas que l’amitié que je iuy porte fust recogneue; mais helas ! puisque pour mon malheur il n’est plus parmy les hommes, si ce n’est assez que les hommes la connoissent, je veux bien que la terre et le Ciel ne l’ignorent pas. Et voicy la raison sur quoy je me fonde: mes amyes ne trou- veront jamais mauvais ce qui me plaira, quant aux autres, tant s’en faut que je me vueille priver pour elles de mon contentement, que ce m’est plaisir de leur desplaire. – Puis que vous avez ceste resolution, respondit Diane, le plustost que vous la pourrez mettre en effect sera le meilleur, ce me semble, et si vous croyez mon conseil, ce sera avant que partir d’icy. Je m’asseure que je le feray bien faire à Paris en son nom et toutesfois à vostre intention. – Mais, respondit Phillis, où trouveroit-on les choses necessaires si nous n’allons en nostre hameau ? – Le temple, dit Diane, de la Bonne Déesse où les filles druides et les vestales demeurent, n’est pas loing d’icy; si quelqu’une de nous y va accompagnée de l’un de ces bergers, il ne nous sera rien refusé d’une si sainte compagnie pour un si bon dessein. Mais appelions Paris et ses bergers qui nous en diront leur advis.

Phillis à ce mot les appellant, ils vindrent