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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/632

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ils le prierent d’y aller, et luy promirent qu’il l’attendroient. Luy, pour obeyr à sa maistresse, partit incontinent avec promesse de revenir bientôt. Et Paris, desireux de tenir toute chose preste, s’adressant à Diane, luy dit qu’il seroit à propos de choisir cependant la perche, qu’ils essayeraient de couper peu à peu avec leurs cousteaux, et pour ne faillir Astrée à son retour, ils allerent du costé qu’elle de voit revenir.

Laissant donc la riviere à main gauche, ils se mirent pas à pas à rechercher parmy ces arbres quelque branche qui’leur fust propre, et ne se donnerent garde qu’ils furent de ceste sorte presque hors du bois sans rencontrer ce qu’ils cherchoient, parce que Diane pensant que Paris s’en prist garde, n’y regardoit pas, et Paris estoit de sorte attentif à elle, qu’il ne pensoit point à sa queste. Dequoy Diane s’appercevant, dit à Tircis : Je crois que nous serons si difficiles en nostre chois que tout ce bois ne nous contentera pas. – Si me semble-t’il, respondit Tircis, que j’ay veu des branches assez bonnes. – II faut, respondit Paris, qu’elles soient bien grandes, autrement elles ne sçauroient servir. – Mais, respondit Tircis, si elles le sont trop, le vent les abat incontinent, de sorte que quand elles ont vingt ou vingt cinq pieds, c’est assez. – II est vray, dit Paris, mais il faut que je confesse que j’ay pensé ailleurs, et que je n’y ay pris garde. – Est-ce ainsi,