Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/633

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

interrompit Diane en sousriant, que vous nous faictes perdre nos pas inutilement ? Alors Paris se tournant vers Tircis, le pria que, s’il en remarquoit quelqu’une qui fust bonne, il l’en advertit ; et puis adressant sa parole à Diane : Ne me blasmez point, belle Diane, de la faute que vous me faites commettre, car est-il possible d’estre aupres de vous, et penser à quelque autre chose ? – Je ne crois pas, respondit Diane, qu’il vous doive estre plus difficile qu’à moy, estant auprés de vous, de penser ailleurs. – Si vos merites et ce qui est en moy, respondit Paris, estoient esgaux, ou que nos volontez fussent semblables, il y auroit de l’apparence en ce que vous dites. – S’il y a du deffaut, dit Diane, il est de mon costé. – Ouy bien, adjousta incontinent Paris, en ce qui est de la volonté, mais c’est ce qui est cause que je ne puis arrester vostre pensée. – Je l’entends autrement, dit Diane, car je vous estime et vous honore comme je dois. – Pleust à Dieu ! Diane, respondit Paris, avec un grand souspir, que vous fussiez aussi veritable que vous estes belle. – Vous ne desirez pas, dit la bergere, beaucoup de verité en moy. Mais en quoy me jugez-vous mensongere ? Puis-je faire plus d’estime de vous, ou demandez vous que je vous rende plus d’honneur ? S’il y a en cela de la faute, accusez-vous-en, puis que vous ne le voulez pas. -- Cet honneur et cette estime dont vous parlez, dit-il, n’est pas ce que je demande,