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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/654

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voyant qu’il vouloit se desrober : Vous vous en allez, dit-elle, Lycidas, et ne voulez-vous point ouyr le discours de ces estrangers  ? – II y a assez bonne compagnie sans moy, respondit-il en tournant la teste d’un autre, costé, et puis il y en a qui se contraignent trop quand j’y suis. – Si j’estois de vostre conseil, dit Phillis, je se rois d’avis que vous eussiez plus d’esgard à vostre contentement qu’à celuy des autres. – Je voy bien, respondit Lycidas, que vous me donnez le conseil que vous prenez pour vous, et suis bien marry de ne m’en pouvoir servir, mais je n’ay pas encores assez de puissance sur moy. Phillis entendit bien ce qu’il vouloit dire, et en fut piquée jusques en l’ame ; toutesfois feignant autrement, elle luy repliqua : A ce que je vois, Lycidas, si la nymphe vouloit accorder tous ceux qui ont quelque differend en ceste trouppe, vous et moy ne serions pas hors du nombre.

– II est vray, dit le berger rouge de cholere, mais pour bien faire, il faudroit que Silvandre en donnast le jugement. – Et pourquoy Silvandre ? dit la bergere. – Parce, dit-il, qu’il n’y a personne qui en soit mieux informé. Et à ce mot, sans attendre autre responce, il se