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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/658

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Palinice, Circene et Florice, avec lesquelles il s’estoit amusé, les ayant rencontrées sur son chemin, sans se ressouvenir de l’escritoire, qu’il alloit querir. Et n’eust esté qu’elles luy demanderent d’où il venoit et où il alloit, il ne pensoit plus à ce qu’il avoit à faire, mais ceste demande l’en fit ressouvenir ; et les ayant priées de l’attendre, il s’encourut prendre l’escritoire, et les ayant retrouvées, leur fit entendre les ceremonies du tombeau de Celadon, ausquelles elles desirerent d’assister, mais elles arriverent trop tard. Leonide qui avoit sceu desja qui elles estoient, voulut les attendre, et Hylas qui ne demeuroit jamais muet, eslevant la voix, s’en venoit chantant ces vers, à haut de teste.

Sonnet


Qu’il ne faut point aymer sans estre aymé.

Quand je vois un amant transi
 Qui languit d’une amour extreme,
L’œil triste et le visage blesme,
Portant cent plis sur le sourcy.

Quand je le vois plein de soucy,
Qui meurt d’amour sans que l’on l’ayme,
Je dis aussi tost en moy-mesme :
 C’est un grand sot d’aymer ainsi.