Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/688

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faute, et qu’il la faille punir, le juge n’est-il pas cruel qui esgale le supplice au peché ? Or sus, qu’il soit encor permis de l’esgaler, et que œil pour œil, et bras pour bras, doive expier le faute, comment est-ce qu’estant jaloux de vous, je devois estre puny ? Par le mesme supplice, c’est à dire que si je vous offençois estant jaloux de vous, vous me deviez chastier estant jalouse de moy. O que ceste action eust esté glorieuse et digne veritablement d’une personne qui aymoit ! Mais, me direz-vous, vous vous estes eslongné de moy, vous m’avez quittée, et vous estes rendu incapable de ce traictement. Et bien ! faisons la mesme ordonnance de punition contre ceste faute que contre la premiere. Je me suis esloigné de vous : il faut que vous vous esloignez aussi de moy. Mais quoy ? peut-estre l’avez-vous desjà fait, et qui sçait si en cest eslongnement vous ne m’avez point plus offencé ? Posons toutesfois que la chose soit esgale. Puis donc que vous me voulez chastier tout ainsi que je vous offence, et non point d’avantage, à ceste heure que je retourne à vous avec desplaisir extreme de tout ce qui s’est passé, n’estes-vous obligée d’en faire de mesme ? Me voicy à vos genoux avec les repentirs les plus cuisants qu’un amant puisse ressentir : est-il possible que vostre courroux se puisse estendre plus outre, et que le souvenir de ce que je vous ay esté,