Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/699

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donc aymer qu’un ? – Un, respondit-elle, est encores trop ; c’est pourquoy je n’en veux point du tout. – Et vous, bergers, dit Hylas, s’adressant à Palemon, et à Adraste, que dites-vous là dessus ? – Nous faisons bien paroistre, dit Palemon, que nous avons sa mesme opinion. – Comment ? dit Hylas, que l’on n’en peut aymer qu’un ? – Encores moins, respondit Palemon, puis que nous nous sommes mis deux pour en aymer une.

Le discours d’Hylas eussent bien continué davantage, si la nymphe, s’en revenant avec toute sa troupe, ne les eust interrompus. Elle se remit donc en sa place, et chacun ayant repris la sienne, elle parla de ceste sorte.

Jugement de la nymphe Leonide

Encores que nous remarquions en ces differents, qui sont entre nos mains, plusieurs accidents qui semblent estre contraires entre eux, si est-ce qu’il n’y a rien qui contrevienne à l’amour, car il n’est pas plus naturel à la flame de se mouvoir et d’eschauffer, qu’à l’amour de produire, ces dissentions entre ceux qui ayment ; et qui voudroit les oster d’entre les amants n’entreprendroit pas une chose moins impossible que s’il vouloit oster le mouvement et