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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/721

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que celle qui l’a fait naistre en moy, ne produit jamais rien qui ne soit parfait, encor sçay-je bien que les dieux me chastieroient si j’osois offrir à une ame si parfaite une affection qui peust estre blasmée. Silvandre vouloit continuer, lors que Hylas, ne pouvant patienter plus long temps, l’interrompit tout à coup de ceste sorte : Jusques à quand en fin, Silvandre, abuseras-tu de la patience de ceux qui t’escoutent ? Jusques à quand nous rempliras-tu les aureilles de tes vanitez et de tes imaginations ? Et jusques à quand esperes-tu que je puisse souffrir l’impertinence de tes paroles ? Toute la trouppe qui estoit attentive au discours de Silvandre fut si surprise d’ouyr parler Hylas d’une voix si esclatante, qu’apres l’avoir consideré quelque temps, chacun se prit si fort à rire qu’il fut contraint de se taire. Et parce que la plus grande partie du jour estoit desja passée, et que Leonide avoit dessein de s’en retourner vers Adamas, pour luy raconter ce qu’elle avoit veu, elle dit à Hylas, lorsqu’il vouloit reprendre la parole : Non, non, Hylas, c’est assez disputé pour ceste fois. La venerable Chrisante n’a pas accoustumé de laisser son temple ny sa bonne déesse si long temps sans les revoir. Qu’il vous suffisse, berger, que nous sçavons bien que vous avez de fort bonnes raisons contre Silvandre, mais nous vous prions de les remettre à une autre fois ; et cependant