Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/722

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nous nous en irons avec ceste creance, que si vous eussiez eu du loisir de parler, vous eussiez eu sans doute autant d’avantage sur ce berger, qu’il en emporte par dessus vous. – Voilà que c’est, dit Hylas, à moitié en colere, il faut, comment que ce soit, que nous tenions tousjours quelque chose de l’imperfection de nostre nature. – Que dites vous ? adjousta la nymphe ? – Je dis, respondit Hylas, qu’encore que vous soyez nymphe, il faut que vous fassiez paroistre que vous estes femme, n’ayant pas la patience d’ouir la vertité, et vous plaisant si fort aux flateries de ce berger qui vous trompe. – Vous ne m’offensez point, dit Leonide en sousriant, de m’appeller femme, car veritablement je la suis et la veux estre et ne voudrois pas avoir changé avec le plus habile homme de ceste contrée. Mais je ne sçay pourquoy vous m’accusez de la faute que Silvandre a faicte en rapportant de trop bonnes raisons, et de celle que Hylas a commise en luy repliquant si mal. Il n’a point de doute que Hylas eust respondu, s’il eust bien ouy la nymphe, mais s’en estant allé de colere aussi tost qu’il eut achevé de parler, il n’entendit point ces dernieres paroles. Et Leonide voyant qu’il se faisoit tard, apres quelques discours communs, se retira en compagnie de la venerable Chrisante, et ses filles druides, au temple de la Bonne Déesse, et apres le disner, s’en alla trouver Adamas, sans que