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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/727

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fortune qui luy avoit permis de voir avant sa mort ceste belle Astrée. Et considerant que jamais il n’avoit eu tant de faveur d’elle qu’en ceste rencontre, hormis lors que jeune enfant il la vit au temple de Venus, il s’escrioit : O heureux malheur qui as esté plus favorisé que ma meilleure fortune ! O bonté d’Amour qui, parmy ses plus grandes peines, donne mesme ses plus grands contentements ! Qui voudroit jamais se retirer de ton obeissance, puique tu as un si grand soing de ceux qui sont à toy ? A ces paroles, il adjousta ces vers.


Stances


Belles onde de Lignon que j’enfle de mes pleurs,
Campagnes qui sçavez quelles sont mes douleurs,
Tesmoins de mes ennuis, ô Forests solitaires,
Echo de qui la voix respond à mes accens,
Air remply de souspirs et de cris languissants,
Ayez part à mon heur comme à tant de miseres.

De tempestes tousjours le mont de Marcilly,
Quoy qu’il soit eslevé, n’a le dos assailly,
Tousjours impetueux Lignon ne se courrouce,
L’espoir de nos moissons ne nous deçoit tousjours,
Par divers changements s’entresuivent noz jours,
Et d’un bransle divers, le temps mesme se pousse.