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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/746

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compagnie duquel je m’estois mis, en fit qu’il me recita. Et parce qu’ils me pleurent, je les appris par cœur : ils estoient tels.

Sonnet


Des Montagnes et Rochers à un Amant.
Ces vieux rochers tous nuds, glissants en precipice,
Ces cheutes de torrent, froissez de mille sauts,
Ces sommets plus neigeux, et ces monts les plus hauts,

Ne sont que les pourtraits de mon cruel supplice.
Si ces rochers sont vieux, it faut que je vieillisse,
Lié par la constance au milieu de mes maux,
S’ils sont nuds et sans fruit, sans fruit sont mes travaux,

Sans qu’en eux nul espoir je retienne ou nourrisse.
Et ces torrens rompus, sont-ce pas mes desseins ?
Ces neiges, vos froideurs ? ces grands monts, vos desdains ?

Bref, ces deserts en tout à mon estre respondent.
Sinon que vos rigueurs plus malheureux me font :
Car d’en-haut bien souvent quelques neiges se fondent,
Mais las ! de vos froideurs pas une ne se fond.