Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/765

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d’entre les mains, elle rompit le cachet et les leut. La premiere qu’elle rencontra fut celle qui s’adressoit à vous, et parce que je les ay apportées, nous les pourrons lire. Et mettant la main dans sa poche, elle en tira le paquet ouvert, et donnant à Leonide la lettre qui s’adressoit à elle, elle vit qu’elle estoit telle.

Lettre de Lindamor à Leonide

Vous croyez que ma presence me sera utile, et je pense qu’aussi sera-t’elle, mais par un moyen bien different de celuy que vous attendez. Elle me profitera sans doute en deux sortes : l’une, en me sortant de la miserable vie où je suis, m’estant impossible de veoir un tel changement en ma dame, sans mourir ; et l’autre, en me faisant prendre vengeance de celuy qui est cause de mon mal. Jurant par tous les dieux que le sang de ce perfide est la seule satisfaction que t je puis recevoir d’une si grande offence. Je seray pour ce subject vers vous dans le temps que ce porteur vous dira. Cependant, si vous le trouvez à propos, faictes voir à ma dame la lettre que je luy escrits, attendant que la fin de ma vie, devancée de la mort de ce meschant, luy rende tesmoignage que je ne pouvois survivre l’amitié qu’elle m’avoit