Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/779

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tué un homme, pour le meurtre duquel estant banny, il s’enfuit en ce pays que je ne sçay nommer, et depuis revenant, fut pris par un parent du mort. Et sans ceste dame dont je te parle, il eust esté entre les mains de la justice, mais elle combatit pour luy, et se mit en prison pour l’en sortir. Ce discours embrouillé de Fleurial fit rire les nymphes, encores que Silvie, pour la mémoire de Ligdamon, en eust peu de volonté ; et Leonide, pour luy aider, luy dit : Tu veux parler, Fleurial, de la belle Melandre... – Il est vray, (interrompit-il) c’est ainsi qu’elle se nomme. – Et de Lydias, continua la nymphe, qui fut retenu à Calais par Lypandas, à cause de la mort d’Aronte. – Ce sont ceux-là mesme, dit Fleurial, en frappant d’une main contre l’autre, mais je ne pouvois me souvenir de leurs noms, et pourveu que vous m’aidiez un peu, j’acheverai bien de vous raconter tout ce qu’il me dit. Or ceste dame, continua-t’il, fut cause que Calais fut pris par les Francs, et Lypandas (je ne sçay si je dis bien son nom) fut mis prisonnier. Quant à Melandre qui estoit dans un cachot, aussi tost qu’elle fut delivrée, elle s’en alla sans parler à Lydias, ayant opinion, selon ce qu’elle en avoit ouy dire, que Ligdamon qui estoit entre les mains des ennemis, fust Lydias, ainsi que chacun luy disoit. Aussi tost que Lydias sceut le despart de ceste dame, il se mit apres, sans redouter