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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/781

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que tu partes demain, et je te devancerois si je n’avois les deux cuisses percées qui, m’empeschent de pouvoir souffrir le cheval, mais je te suivray bien tost ; et dis à Leonide que je m’en iray descendre chez Adamas, puis qu’elle m’a acquis son amitié, et que ce sera dans vingt nuicts, si pour le moins mes blessures me le permettent. Et à ce mot, me commandant de m’aller reposer, je fus bien estonné que la nuict mesme on me dit que l’on l’avoit tenu deux ou trois fois pour mort, et que ses playes estoient tellement changées, qu’il estoit en grand danger de sa vie. Je crois que les nouvelles que vous luy aviez escrites, en furent cause ; tant y a qu’il fut longuement en cest estat, et ne peus partir d’une lune apres, que s’estant consolé ou pris quelque resolution, son mal ne fut plus si dangereux. Outre les blesseures, il avoit eu une si fascheuse fievre qu’il resvoit presque ordinairement, et nommoit à tous coups Galathée, Leonide, et Polemas, meslant parmy des propos d’amour, de vengeance et de mort. Il revint en fin en santé, mais encor qu’il fust en cest estat, si ne pouvoit-il sortir du licf, et les mires luy dirent que de quinze nuicts pour le moins il ne sçauroit sortir de la chambre. Cela fut cause qu’il me despescha, et me dit que dans le dixiesme de la lune suivante, il seroit icy ; et me donna les lettres que vous avez veues, me commandant de vous dire beaucoup de belles paroles,