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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/797

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la coustume des vieillards, qu’à loger richement sa niepce, veut qu’elle espouse un berger des Boïens, nommé Calidon, qu’elle n’a jamais veu qu’un moment, à quoy elle ne se peut resoudre, et je ne croy pas, quant à moy, que ce vieillard en vienne à bout. – Ce Calidon, dit la nymphe, n’est-ce pas le neveu de Thamire ? – C’est celuy-là mesme, respondit-il. – Mais a-t’il oublié, repli­qua Leonide, l’amour de Celidée ? – O madame, adjousta le berger, que Celidée n’est plus celle qu’elle souloit estre, et que l’accident de sa perte est estrange ! – Comment, dit la nymphe, Celidée est perdue ? – Elle se peut dire telle, respondit-il. Et Thamire n’a rien à cette heure tant à cœur que de marier Calidon.

Encore qu’Alexis parlast avec Hylas, Corilas, et Amidor, si ne laissoit-elle de prester l’oreille à Lycidas, et d’ouyr ces parolles, qui luy serrerent de sorte le cœur, qu’il n’y eust berger qui n’y prist garde, parce qu’elle changea au commencement de couleur, et puis devint froide comme un glaçon. Cela fut cause que Leonide luy dit : Vous vous trouvez mal, ma sœur, ce sont encore des restes de vostre maladie, vous devriez vous asseoir, Hylas qui, dés le moment qu’il l’avoit veue, l’avoit trouvée tant à son gré, que Phillis commençoit fort à perdre son cœur, et celle-cy à le luy desrober, la prenant sous les bras, la fit asseoir à moitié par force, et se mettant à genoux aupres