Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/812

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luy demande pardon de l’ennuy qu’il luy a donné. Excusez, luy dit-il, mon pere, le peu de puissance que j’ay sur moy. J’ay faict ce qui m’a esté possible pour ne vous en donner cognoissance, et voulois bien mourir s’il m’eust esté possible, sans vous donner cette seconde occasion de regretter la peine que vous avez eue à m’eslever ; mais la fortune qui ne cessera de m’affliger tant que je seray en vie, ne m’a pas mesme voulu contenter en cela. Je viens vous en demander pardon, et vous supplier de croire que je n’auray jamais contentement, que je n’aye tellement satisfaict à cette faute, qu’il ne m’en reste nulle tache. – Mon fils, dit Thamire, en luy tendant la main, releve-toy, et me viens embrasser, et croy que si j’eusse pensé que Celidée eust pû estre tienne, jamais je ne l’eusse voulu avoir ; tout le regret qu’il me reste à cette heure, est que si autrefois il y a eu un empeschement à ton desir, il y en a maintenant deux. Le premier, celuy de sa volonté, qui a tousjours esté tant eslognée de toy, que jamais elle n’y a pu consentir ; et l’autre, le mariage qui est entre elle et moy. Que si sa volonté se pouvoit changer aussi bien que je pourrois remedier au dernier, sois certain, Calidon, que la mort me seroit agreable, si je pensois que par ma mort je te rendisse content.

Calidon vouloit respondre, mais il ne put, de peur de l’interrompre, parce qu’en mesme temps il adressa sa parolle à Celidée.