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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/834

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cercueil. – A ce que je vois, dit Leonide, elle n’est pas sans affaire, et je crois aisément ce que vous dites, que veritablement elle est affligée ; mais qui est celle qui est contente ? – Vous l’oseray-je dire ? respondit le berger. – Et pourquoy feriez-vous plus de difficulté de me dire le bien, que vous n’en avez fait de me dire le mal ? – Il y a plusieurs occasions, repliqua-t’il, qui m’en peuvent empescher. Toutesfois, puis que nous en sommes si avant, il seroit mal à propos, de ne passer plus outre. Sçachez donc, madame, continua-t’il, en sousriant, que c’est Phillis ; mais, grande nymphe, je vous supplie, ne m’en demandez pas davantage. – Ma curiosité, dit-elle, aura bien autant de force contre la priere que vous me faites, que vous en sçauriez avoir contre celle que je vous fais de ne vouloir celer ce que sur toute chose je desire infiniment de sçavoir. Car aimant Phillis, comment voulez-vous que je ne sois point curieuse d’apprendre des nouvelles de son contentement ? Mais peut-estre voulez-vous estre ainsi secret, parce que c’est un des premiers commandements d’amour, de CELER ET TAIRE. Et parce qu’il vouloit faindre de n’y avoir aucun interest : Non, non, continua la nymphe, ne vous cachez point à moy. Je sçay, berger, plus de vos nouvelles que vous ne pensez. Avez-vous opinion que depuis le temps que je frequente parmy vos bergeres, je n’ay pas appris que vous estes serviteur de Phillis, et que ceste affection est commencée avec