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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/846

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ma bergere, le regardant ferme entre les yeux), que vous estes malicieux, ayant sceu ce que vous dittes, d’avoir vescu de cette sorte avec my pour donner plus de peine à Lycidas, à vous et à moy. – Ah ! bergere, respondit-il, que vous m’estes plus obligée que vous ne pensez pas ! car que vouliez-vous que je fisse ? – Puis que vous sçaviez, dit-elle, que Lycidas estoit jaloux à vostre occasion, vous deviez m’eslongner. – Vous me dites (repliqua-t’il) une chose impossible, et qui vous eust peu nuire infiniment si je l’eusse faite. Impossible, d’autant que ayant entrepris de servir Diane, et vous, estant ordinairement aupres d’elle, il m’estoit impossible de vous eslongner l’une sans l’autre. – Et bien, dit Phillis, si vous eussiez esté tel envers moy, que vous deviez estre, n’eussiez-vous plustost esleu de laisser la frequentation de Diane, avec hazard de perdre vostre gageure, que non pas de donner tant de jalousie à Lycidas, et à moy tant de desplaisir, puis que le berger estoit tant de vos amis, et que je ne vous avois jamais donné occasion d’estre autre que des miens ? – Je voy bien, bergere, respondit Silvandre, que vous ne sçavez pas le mal que vous m’avez faict, puis que vous parlez de cette sorte, ny combien il m’estoit impossible de faire ce que vous dittes. – Que je vous aye faict du mal, dit Phillis, c’est donc bien par ignorance, car je n’en ay jamais eu intention. – Cela, repliqua le berger, n’empesche