Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/845

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en bonne compagnie, vous commandastes à Hylas de raconter sa vie, et les avantures de ses amours ? N’avez-vous point oublié, que cependant vous partistes, et laissastes la troupe, priant Astrée d’aller avec vous ? Avez-vous bonne memoire que vous allastes le long du bois, parler à Lycidas qui vous y attendoit, et qu’Astrée vous dit que vous deviez bien prendre garde, qu’il ne fust trouvé mauvais, et que vous luy respondistes, qu’il vous en avoit tant pressée, que vous ne luy aviez pû refuser ; mais que pour ce subject, vous aviez prié Astrée d’y estre avec vous ? Or, bergere, repensez maintenant à tous les discours que vous y eustes avec Lycidas, car je les sçay tous, comme les ayant ouys.

A ce mot elles rougirent, et demeurent si estonnées qu’elles ne faisoient que se regarder. Mais Silvandre, reprenant la parole: Ne soyez point marries, dit-il, que je sçache ce que je viens de vous dire, car j’ay assez de discretion pour n’en faire paroistre que ce qui ne vous peut importer ; et si vous vouliez, belle Astrée, que je vous disse la colere de Lycidas contre vous, et la peine que vous pristes de la luy faire perdre, vous verriez que je sçay presque autant de vos affaires que vous-mesme. Mais cela ne servant de rien à ce que j’ay à vous dire maintenant, il suffit, Phillis, que vous sçachiez que je n’ignorois ny la jalousie, ni le subject de la jalousie de Lycidas. – Il faut bien dire (dict