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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/848

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pour en avoir quelque nouvelle cognoissance, à cause de Paris. – N’en doutez point, dit-il, madame, et une autrefois je vous en raconteray d’avantage, mais pour ce coup je vous diray seulement, comme je me delivray de ceste fascheuse jalousie.

J’ouys donc que Silvandre en continuant, reprit de ceste sorte: Or ne pouvant m’eslongner de vous à cause de Diane, que vouliez-vous que je fisse ? Soyez-en vous-mesmes le juge. – Dés le commencement, respondit Phillis, vous ne deviez point donner d’occasion de jalousie à Lycidas, et puis voyant que, comme que ce fust, il estoit devenu jaloux, vous deviez non pas m’esloigner du tout, puis que vous dites que vous ne le pouviez faire à cause de Diane, mais pour le moins, estant en lieu où Lycidas nous appercevoit, il faloit vivre plus modestement, et plus froi- dement avec moy. – Ah ! novice en amour ! respondit le berger, quand Lycidas devint jaloux, y pristes-vous garde ? – Nullement, dit-elle. – Et comment, adjousta Silvandre, vouliez-vous que je m’en apperceusse mieux ? Ne vous ressouvenez-vous pas, qu’à la premiere parole qu’il vous en dit, vous demeurastes si estonnée de telle opinion, que vous ne pustes luy respondre de quelque temps ? Et cela d’autant que les commencements des maladies d’amour, sont comme la plus part des autres qui ne donnent cognoissance d’elles que la fievre ne soit desja bien forte. Je ne pouvois