Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/861

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plus aysément saisir, en quoy il n’eut pas beaucoup de peine, parce qu’il sembloit que tous les peuples de la terre prenoient Rome en ce temps là pour butte de leurs armes. Les Goths, les Francs, et les Bourguignons en Gaule, les Vandales et les Alains en Espagne, les Anglois et les Pictes en Bretagne, les Huns et les Gepides en la Pannonie ; bref, de tous costez l’empire estoit de telle sorte deschiré, qu’il ne luy restoit plus que l’Italie d’entier. Et de fortune Alaric, roy des Goths, pour ne la laisser plus en repos que le reste de l’Occident, y vint fondre avec un si grand nombre de peuple, qu’il fut impossible à Honorius de luy resister. De sorte que pour luy donner occasion d’en sortir, il fut conseillé de rechercher la paix à quelque prix qu’il la pust avoir : à quoy il s’accorda aysément, n’estant d’humeur fort guerriere, et souhaittant sur toutes choses de vivre en repos. Le traitté de la paix ayant donc esté proposé fut conduit si sagement qu’en fin Alaric accorda de se retirer deçà les Alpes, en quelques provinces qui luy furent assignées par l’empereur. Dequoy Stilicon estant mal content, parce qu’il jugeoit que cet accord porteroit prejudice à son dessein, il fit en sorte avec un capitaine estranger, qui pour lors estoit souldoyé de l’empereur, qu’il fut chargé pres des rives du Pau, lors qu’il se retiroit sans meffiance, aux terres qui luy avoient esté remises ; dont il fut si depité