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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/860

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combien la vertu est ordinairement traversée. Car, estant demeurée entre les mains de son frere Honorius, et luy entre celles de Stilicon, en la charge duquel le grand Theodose l’avoit remis durant son jeune aage, elle tomba en des accidens si divers, qu’il sembla que la fortune eust pris sa vie pour y faire paroistre la puissance qu’elle a sur les choses humaines ; dont Stilicon fut en partie cause, qui ayant une si grande puissance sur la personne du jeune Theodose, et sur tout ce qui estoit de l’Empire, éleva les yeux de son ambition à une plus absolue authorité, desirant de se faire de luy-mesme empereur, comme ses desseins estant découvers firent assez paroistre. Et parce qu’il avoit l’entendement vif, et que le maniement des affaires luy avoit appris les moyens de parvenir à la grandeur qu’il desiroit, il pensa de faire par finesse ce qu’il voyoit impossible de parachever par force. Dés le commencement donc, il accrut son authorité au plus haut poinct qu’il pensa la pouvoir élever, sans donner cognoissance de son intention, et puis la voulut fortifier par le moyen de sa fille, qu’il fit espouser à Honorius, car le nom de beau-pere de l’empereur le faisoit beacoup honorer et redouter. Apres il fit des secrettes intelligences avec ceux qu’il estima estre propres à son dessein ; et en fin se resolut d’affoiblir les forces de l’empire le plus qu’il luy seroit possible, pour s’en pouvoir