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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/883

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prudence ; car au lieu de se vanger de ces deux grands personnages par leur mort, elle pensa que ce seroit un grand advantage à Valentinian, si elle les luy pouvoit acquerir pour fideles serviteurs. Quant à Castinus, elle ne l’aimoit pas beaucoup, et luy sembloit qu’avec fort peu de raison, il s’estoit soustrait de l’obeyssance de l’empire ; de sorte que peut-estre luy eust-elle esté plus rude, n’eust esté la consideration qu’elle eust de l’amitie qui estoit entre luy et Aetius, duquel elle sçavoit le jugement, l’experience et la valeur, et qu’elle cognoissoit pouvoir estre tres- utile à son fils, à cause de la grande creance que les Huns, et les Gepides avoient en luy, qui par son conseil avoient fait de grands preparatifs pour entrer en Italie, et desja commençoient de marcher. De plus, elle consideroit qu’Honorius par ses soupçons luy avoit donné occasion de laisser son service, et pour conserver sa vie, de se retirer parmy ces barbares, desquels elle redoutoit infiniment les forces à l’avenement de son fils à l’empire.

Toutes ces choses donc longuement considerées, elle pensa que si elle faisoit punir Castinus, elle offenceroit merveilleusement Aetius, pour l’amitié qu’il luy portoit, et qu’au contraire tenant en seure garde Castinus, ce seroit donner occasion à l’autre de faire mieux son devoir, le contregageant presque par la vie de son amy. En ceste resolution