Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/882

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mettant pied à terre de nuict, fut comme miraculeusement mené dans Ravenne avec toutes ses forces, par un conduit, duquel ceux de la ville ne se donnoient garde, et le jour estant venu, il prit Jean, luy fit trancher la teste au milieu de la place et delivra son pere.

Presque en mesme temps, la sage Placidie arrive à Ravenne avec le jeune empereur son fils, où peu de jours apres les choses luy succederent, tout ainsi qu’elle eust sceu desirer, par ce que Castinus qui revenoit d’Espagne, ne sçachant encor l’accident de Jean, pensoit joindre ses forces avec celles de son amy Aetius, et de leur empereur, et pour cet effect, venoit à grandes journées, dequoy Placidie estant advertie, pour empescher que cela ne fust, envoye Artabure sur le chemin, qui le rencontrant à Verceil, luy donna la bataille, deffit son armée, et le mena prisonnier à Ravenne. Et comme si le Ciel eust voulu entierement asseurer d’abord l’empire de Valentinian, Aetius qui estoit à Rome, attendant les forces de Castinus, et celles des Huns et Gepides, fut pris prisonnier par les partisans d’Honorius, qui le conduisirent a Ravenne, entre les mains de Placidie.

Ce fut en ceste occasion que ceste grande princesse fit paroistre que veritablement elle avoit un esprit genereux, et avec beaucoup de