Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/901

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femmes que vous avez sauvées, parce que nous les avons en nostre charge, et ce vous seroit peut-estre trop d’incommodité. – Nullement, leur dis-je, pourveu que vous-mesme n’en receviez pour la petitesse du logis. Au contraire, ce me sera une extreme satisfaction si vous me voulez faire ceste faveur. Ils me suivirent donc tous quatre, et parce que j’avois des amis dans la ville, qui estoient mieux logez que moy, je les conduisis en la maison d’un riche bourgeois, avec lequel j’avois une tres estroitte familiarite, sçachant bien qu’il l’auroit agreable, luy ayant des-jà veu faire plusieurs fois de ces actions de liberalité et de pitié envers ceux qui poussez d’une mesme fortune, avoient fait naufrage contre ceste plage. Ils y furent tres-bien receus et accommodez de tout ce qui leur estoit necessaire.

Or il faut que vous sçachiez que c’estoient deux des principaux de Rome, dont l’un comme je sçeus depuis, s’appelloit Ursace, et l’autre Olimbre; de sorte qu’incontinent ils renvoyerent en leurs maisons, et eurent de l’argent et plusieurs serviteurs. Mais pour satisfaire à ce que je vous ay promis, il faut que vous sçachiez que attendant d’avoir responce de Rome, ces deux chevaliers ne pouvoient estre sans moy, et falloit que laissant bien souvent mes estudes, je les accompagnasse par tous les endroits où la curiosité les attiroit, dont je prenois beau- coup de plaisir par ce