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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/917

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pour aller vers Isidore. – Et quoy, me dit-elle, Ursace, n’en feriez-vous pas de mesme ? Moy, madame, luy dis-je, auriez-vous bien opinion que j’eusse si peu de jugement ? – Vous le devriez faire, me dit-elle, puis qu’il y a plus d’apparence qu’elle doive estre servie de vous que de Valentinian. – Je sçay bien, luy dis-je, madame, que la condition d’Isidore et de moy, m’y devroit plustost convier, mais j’advoue que j’ayme mieux faire une contraire faute à celle de Valentinian.- Comment l’entendez-vous ? respondit-elle. – Je veux dire, continuay-je, plustost que de servir quelque chose d’egal à moy, comme Isidore, j’ayme mieux mourir d’amour pour ce qui est par dessus moy, comme vous. – Comme moy ? reprit incontinent Eudoxe, et que pensez-vous dire, Ursace ? Je pense dire, madame, luy respondis-je, que j’ayme mieux mourir en vous adorant, que de vivre aimé d’Isidore, et que la grande inegalité qui est entre nous ne m’a sceu empescher que je n’aye eu ceste volonté, depuis le jour qu’il me fut permis de vous voir. – Je crois, me dit la princesse, que vous estes hors de vous-mesme de me tenir ces propos. – Ne le croyez point, luy dis-je, madame, je ne parlay jamais ny avec plus de verité, ny avec un plus sain jugement.

Elle demeura fermé, et me regarda entre les yeux, et puis me dit: Est-ce à bon escient, ou par jeu, que vous me tenez ce langage ? – Je jure, madame, repliquay-je, par le service que je vous dois, que je ne