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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/921

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vouloir du bien. Et depuis ce jour elle permit qu’en particulier je la nommasse ma princesse, et elle m’appelloit son chevalier. Jugez, Silvandre, s’il y avoit homme au monde plus heureux que moy ! car Eudoxe estoit l’une des plus belles princesses du monde, en l’aage de dix sept ou dix huict ans, et qui ne faisoit paroistre d’aimer personne que moy.

Cependant que nous vivions de ceste sorte, Honorius, qui avoit espousé la fille de Stilicon, mourut sans enfans, et parce qu’un Romain nommé Jean, son premier secretaire, s’estoit fait eslire empereur par le moyen de Castinus et de Aetius, l’empereur Theodose qui avoit fait dessein de faire empereur d’Occident son cousin Valentinian, l’y voulut envoyer avec sa mere Placidie. Je fis semblant de la vouloir suivre en ce voyage, mais en effet je ne desirois rien plus que de, demeurer pour la garde d’Eudoxe. Car encor que le desir de la gloire m’attirast en Italie, l’amour me retenoit en Constantinople, avec des liens qui n’estoient pas foibles, parce que ceste belle princesse se laissa aller outre son dessein de telle sorte à l’amitié qu’elle m’avoit promise, qu’en fin elle avoit pas moins d’affection pour moy, que j’en avois pour elle. Je croy bien qu’elle y fut trompée, et qu’au commencement elle ne crut jamais d’en