Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/923

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Sur le départ d’un rival

Jamais contre les rocs tant de flots amassez,
Escumant de courroux, n’on blanchi les rivages;
Jamais les bancs couverts n’ont veu tant de naufrages
Que cest esloignement m’a d’ennuys effacez.

Bien-heureux souvenirs de mes soupçons passez,
Maintenant de mon heur asseurez tesmoignages,
Qu’il est doux au nocher apres de grands orages
De voir dedans un port ses navires cassez !

Blessé de froide peur dedans la fantaisie,
J’ay tremblé mille fois atteint de jalousie,
Mais en fin son despart m’a du tout rendu sain.

Heureux esloignement, puisse-tu tousjours estre !
Ou bien s’il s‘en revient, Amour, fay luy paroistre
Qu’à son dam il partit, et qu’il retourne en vain.

Je ne vous diray point en ce lieu quel fut le voyage de Valentinian, car vous le pouvez avoir entendu par plusieurs. Tant y a qu’apres avoir mis tel ordre aux affaires d’Occident, qu’il jugea estre